Un nouveau Deal pour Biden

Le candidat à la présidence démocrate des États-Unis, Joe Biden, a récemment réitéré son désir d’arrêter le projet d’oléoduc Keystone XL que je suis contre Keystone depuis le début. Ce sont des goudrons dont nous n’avons pas besoin – c’est en fait un polluant très, très élevé », a-t-il déclaré.
Ce n’est que la dernière initiative d’un long jeu politique à l’égard de Keystone XL. En 2015, le vice-président Biden a soutenu la décision du président Barack Obama de bloquer le pipeline. Après les élections de 2017, le président Donald Trump a restauré le projet. S’il était terminé, le pipeline de 1 900 kilomètres acheminerait le pétrole brut de l’Alberta au Nebraska, alimentant finalement les raffineries de la côte du Golfe.
Maintenant, Biden dit qu’il fermerait à nouveau s’il était élu président en novembre. Les Canadiens doivent savoir qu’il présente en réalité trois arguments contre le projet, ce qui pourrait obliger le Canada à réexaminer sa stratégie dans le secteur de l’énergie.
«Haut polluant»
Biden souligne que les sables bitumineux du Canada ont… des niveaux très, très élevés de polluants. Il y a du vrai dans cette perception.
Le transport du produit pétrolier vers les raffineries aux États-Unis augmente les émissions de GES du pétrole canadien à entre 16 et 33 g CO2e / MJ, selon la distance parcourue et si le produit est acheminé par pipeline (empreinte plus petite) ou par rail (grande empreinte). Pris ensemble, cela montre que les émissions de gaz à effet de serre de la production, de la valorisation et du transport des sables bitumineux sont au moins quatre fois supérieures à celles du pétrole conventionnel américain.
Le candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden (à droite), a soutenu des politiques qui limiteraient les gaz à effet de serre et mettraient l’économie américaine sur la voie d’un avenir sobre en carbone. (Photo AP / Matt Rourke)
La littérature scientifique a fourni aux producteurs canadiens certains arguments pour soutenir la production de sables bitumineux. Par exemple, les émissions de GES relativement faibles du pétrole de schiste sont contrebalancées par une multitude d’impacts négatifs sur l’approvisionnement et la qualité de l’eau, des problèmes d’instabilité géologique et des tremblements de terre, et une inquiétude croissante concernant la longévité des opérations de schiste.
«Nous n’avons pas besoin» de cette huile
La situation actuelle du COVID-19 a encore réduit le besoin de pétrole des États-Unis. Alors que 2020 se déroule, les investisseurs prédisent une baisse de la production de pétrole pouvant atteindre 2,9 millions de barils par jour aux États-Unis.Une grande partie du pétrole produit est stockée et la capacité de stockage de pétrole se remplit rapidement (ou peut-être pas). Quoi qu’il en soit, la demande d’essence et d’autres produits pétroliers a atteint son point le plus bas depuis 1971
«Nous allons faire la transition… vers une économie propre»
Les commentaires de Biden ont souligné la nécessité de s’éloigner des combustibles fossiles, faisant écho aux appels à un New Deal vert, défendus par des démocrates clés tels que la membre du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.
Le Green New Deal combine une série d’objectifs, dont 100% d’énergie renouvelable, ainsi qu’un accès complet aux soins de santé et des salaires garantis. En tant que l’un des démocrates les plus haut placés à approuver le Green New Deal, Biden pourrait soutenir ce mouvement s’il remportait la Maison Blanche.
Mais le Green New Deal peut être une vente difficile dans le monde post-COVID. Alors que les coûts de production d’énergie renouvelable sont de moins en moins chers, il est difficile de concurrencer les prix du pétrole extrêmement bas, et la mise à niveau du réseau pour fournir de l’énergie renouvelable peut entraîner des coûts d’électricité plus élevés pour les consommateurs – quelque chose qui peut ne pas être facile à gérer pendant une récession majeure.
Des préoccupations très réelles concernant la pauvreté et les inégalités énergétiques doivent également être traitées dans le cadre d’un New Deal vert – et il faudra du temps pour le faire correctement. Ces préoccupations et ces défis donneront à des pays comme le Canada le temps d’adapter leur propre secteur énergétique pour mieux servir un marché en évolution rapide au sud de la frontière.
Les paroles de Biden devraient amener les Canadiens à faire une pause et à réfléchir à la direction que prend le secteur de l’énergie. Les entreprises canadiennes dépendent du marché international, et ce marché exige des produits énergétiques plus propres.
Les États-Unis sont déjà devenus un important producteur de pétrole, ce qui laisse les entreprises canadiennes en difficulté. Un Green New Deal ne fera qu’accélérer ces tendances. Sans changement important, le secteur canadien de l’énergie risque d’être laissé de côté.